Une série de 10 photographies sur les sentiments sociaux.
Voici la démarche :
SENTIMENTS SOCIAUX 2010:
« De la déconstruction sociale à l’espérance »
A l’heure où la société s’effrite et se renouvelle, la déconstruction, est un terme à la mode « sociale » et politiquement correct de toute ville soucieuse de ses habitants…Les fameux CUCS (Contrat Urbain de Cohésion Sociale)…
Même si lexicalement parlant le mot effraie moins que destruction ou démolition, sa signification première est relative à l’homme. C’est en effet le fait de briser la personnalité qu’un individu s’était construite.
J’ai choisi ce thème socialement présent et ambivalent qui révèle dans notre société actuelle des sentiments complexes et paradoxaux et qui reflète à mon avis un esprit beaucoup plus large qu’une simple déconstruction d’habitation.
De la déconstruction à la reconstruction, aucune lueur d'espoir quand la machine se met en route.
Le sentiment de destruction inéluctable se retrouve donc autant chez l’habitant que dans son estomac.
Par un bel après-midi d’automne, dans un quartier périphérique de la ville, ce couple d’habitants semble perdu dans ses pensées. En vérité, au pied de cet immeuble, ils sont dans un état d'absence. Ils ont l'air de fixer l'infini.
Le bruit, la poussière, le chaos règnent. Ils ont une soixante d’années et trente quatre ans de vie dans cet immeuble aujourd’hui dévoré par une machine. Rongé, broyé, englouti, abattu …
Sortant de leur torpeur, ils se retournent, la larme à l’œil : impossible vision révélatrice de violence, de haine, d’identité qui part en friche.
Séparation, solitude et déstabilisation, ils sont incapables de se défendre, ni par la pensée, ni par la parole, ni par la fuite. Naissent alors en eux des sentiments contradictoires. Ils passent d’une immense détresse à une véritable terreur. Seuls les riverains sont satisfaits, heureux de voir disparaître ces tours qui leur font de l’ombre.
Vient alors la douleur physique, l'estomac qui brûle, l'enfer recommencé, les regrets. Sentiments venus de leur pré-histoire, de l’impuissance à l’espérance, naît le ressenti de destruction identitaire, sensation d’un passé qui ne passe pas.
Naissent aussi les attentes et les désirs sous les ruines du vécu, les espérances d’un changement, d’une reconstruction.
Identification imaginaire, transfert de temps et évanouissement des déchirures de leur mémoire … dans l’espoir d’une vie renouvelée pour enrayer une sournoise nostalgie.
En exposant ces photographies, je fais parler les silences de leur histoire, possibilité de mémorisation.
Je me demande alors quel est le destin de toutes ces personnes expropriées, les conséquences de cette violence subie – rarement nommée ni reconnue. L'absence de tout témoin, de toute parole ajoute à l'horreur et la perpétue.
Ces photographies informent mais ne racontent pas cette violence mise en acte synonyme d’autodestruction.
Je vous offre des mots, des sentiments comme autant de clés qui ouvrent les portes du ressenti et de la compréhension des silences de ces personnes expropriées.
Car peu importe la distance parcourue, le déracinement, qui détruit les cadres spatiaux et temporels de l’existence ordinaire, peut-être ressenti violemment.
C’est toujours une part de soi qui s’en va.
Découvrir et ressentir ce tourbillon d’émotions vécues nous humanise.
Pour voir la totalité des photographies, voici le lien : ici
La galerie se nomme : 2010 ARLES
Bonne visite et n'hesitez pas à nous faire par de vos commentaires.