S'il est un souvenir de concert qui m'aura ému jusqu'aux dents, c'est bien celui de Ricet Barrier.
Le personnage est truculent, tonitruant, joyeux et furieusement talentueux. Je suis sûr que la petite salle du Café Chantant de Langan, en Ille et Vilaine, qui lui a ouvert ses portes pour ses « adieux » en 2008, (que tout à chacun aura pris pour un « salut et à la prochaine ! ») résonne encore de ces rires et autres grondements.
Boris Vian le soulignait déjà en 1959 dans un article d'un magazine pour dame, justement oublié, Bonjour Philippine.
Il y notait une irrésistible propension de l'artiste à l' "esclaffage", à l' "esclaffaison", voire même à l'"esclafferie".
Et l'esclaffe (plus hardiment !), c'est bougrement communicatif.
50 ans après, Ricet Barrier est toujours là, bien que très rare, « hénaurme » dans son registre fantaisiste, champêtre, sentimental parfois, très singulier toujours ; et patrimonial de surcroît...
Comment oublier qu'il est l'Auteur de prédilection des inénarrables Frères Jacques ?
Ce concert d'un grand artiste, dans une toute petite salle, restera un grand souvenir.
Allez, seule larmichette dans ce torrent de rires, c'est que 50 ans après ses débuts aux Trois Baudets de Jacques Canetti, aux côtés de Serge Gainsbourg, une plus grande place ne lui ait pas été réservée. Les célébrations, les fleurs, les remerciements, c'est quand même bien plus sympa de son vivant...