Le petit Lauriston Boris VIAN
(la chanson, disponible aux éditions Jacques Canetti, n'était malheureusement pas disponible sur Deezer. Nous n'avons trouvé que cette version avec un petit montage vidéo, pas très utile à notre sens. A écouter les yeux fermés !)
Le petit Lauriston (berceuse pataphysique)
Cette berceuse pataphysique, qui chante comme une comptine pour enfants, est sans doute une des chansons les plus réussies de Boris Vian.
Perle d'absurdité, d'humour décalé, dénonçant sans en avoir l'air des faits d'une grande atrocité, elle est une référence appuyée à un univers littéraire que Vian affectionnait particulièrement, celui d'Alfred Jarry, créateur de la Pataphysique, science que l'écrivain définissait fort simplement comme la «science des solutions imaginaires».
Boris Vian fut, pour mémoire, membre éminent du collège de pataphysique, fondée en 1948,en qualité de Satrape - promotion du 22 Palotin 80 (pour le profane, le 11 mai 1953).
Sous son air badin, elle est une chanson violemment engagée, plus subtilement et férocement encore que sa chanson la plus connue du public, Le déserteur.
Sous le terme de Lauriston se cachent ces auxiliaires français, regroupement pour la plupart de truands, proxènètes, maîtres chanteurs, criminels endurcis, à la solde de l'occupant dont une des missions les plus viles sera l'espionnage et la chasse aux résistants. Ces membres du grand banditisme formaient ainsi la Gestapo française, appelée aussi « Carlingue » et leurs bureaux situés au 93, rue Lauriston, à Paris devinrent de 1941 à 1944 une des annexes de la Gestapo allemande (elle située à deux pas, avenue Foch) où l'on torturait et tuait de nombreux résistants. On y pratiquait le supplice de la baignoire, le limage des dents, l'arrachage des ongles...
Le texte Le petit Lauriston a été écrit en cette année 1953, quelques années seulement après ces faits de guerre perpétrés par des français. Il ne sera enregistré que bien plus tard, en 1971, (on peut comprendre pourquoi), après la mort de son auteur, par les Quatre Barbus et à l'initiative de Jacques Canetti.
Bonne écoute !
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